Quand les commissures des lèvres se fissurent : une petite douleur qui en dit long
Vous est-il déjà arrivé de sourire et de sentir une petite déchirure douloureuse au coin des lèvres ? Ou de remarquer une rougeur tenace qui s’installe malgré les baumes à lèvres et les verres d’eau à répétition ? Ce petit désagrément que l’on a parfois tendance à négliger porte un nom : la perlèche. Bien plus qu’un simple inconfort passager, elle peut devenir une vraie nuisance au quotidien.
En apparence anodine, cette affection mérite toute notre attention. Parce qu’elle touche à notre bouche, à notre capacité à parler, manger, rire — autant de gestes simples et essentiels, mais qui rendent la douleur particulièrement présente.
Qu’est-ce que la perlèche exactement ?
La perlèche, aussi appelée chéilite angulaire, est une inflammation localisée aux commissures des lèvres. Elle se manifeste par une rougeur, des fissures, des croûtes jaunâtres ou blanches, et parfois même des suintements. Certaines personnes ressentent des picotements ou des démangeaisons persistantes. Et malheureusement, plus on y touche, plus on aggrave la situation…
Ce qui est souvent trompeur ? Elle peut passer pour une simple irritation due au froid ou à un manque d’hydratation, alors qu’elle cache rarement cette seule cause. Ce n’est pas juste une question de lèvres sèches !
Mais alors, d’où vient-elle ? Un florilège de causes possibles
La perlèche n’apparaît pas toute seule… Elle est souvent le signe d’un déséquilibre ou d’un terrain favorable à son développement.
- Un excès de salive : Paradoxalement, avoir trop de salive aux coins des lèvres peut accentuer la macération et fragiliser la peau. Cela se produit souvent chez les enfants qui sucent leur pouce ou qui portent des tétines, et chez certains adultes plus âgés avec des prothèses dentaires mal ajustées.
- L’invasion microbienne : Elle est bien souvent causée par une candidose (infection fongique à candida albicans) ou par des bactéries comme le staphylocoque doré. Les plis humides à la commissure deviennent le terrain parfait pour ces micro-organismes.
- Une carence en vitamines ou en fer : Les personnes carencées en fer, vitamines B2 (riboflavine), B3 ou B12 peuvent développer plus facilement ce type d’inflammation. Une petite fissure persistante peut donc être le signal d’un besoin plus profond dans votre alimentation.
- Un affaiblissement du système immunitaire : Quand notre immunité est en berne — à cause du stress, de la fatigue ou d’une maladie chronique — la peau peut se défendre avec moins de vigueur.
- Des causes dermatologiques : Eczéma, psoriasis ou dermatite de contact (notamment à un dentifrice ou un rouge à lèvres) peuvent également jouer un rôle.
Autant de facteurs qui montrent que cette “petite” affection peut en dire long sur ce qui se passe dans notre corps. Et si le corps chuchote, c’est souvent une invitation à l’écouter un peu mieux…
Quels sont les signes à surveiller ?
La perlèche a ses petits signaux caractéristiques :
- Des fissures, parfois profondes, aux coins des lèvres
- Des rougeurs, avec une sensation de brûlure ou de tiraillement
- Une peau sèche et craquelée, qui saigne à la moindre tension de la bouche
- Des croûtes blanchâtres ou jaunies qui reviennent vite après nettoyage
- Parfois une douleur en mangeant, en souriant ou même en dormant si on dort la bouche ouverte
Il arrive aussi que la perlèche s’installe de manière chronique. Dans ce cas, il faut vraiment aller voir plus loin que le simple soin local : elle peut être le symptôme d’un déséquilibre global, d’une alimentation inadéquate ou d’un problème dentaire non résolu.
Comment la soulager efficacement ? Des solutions naturelles et médicales
Heureusement, on ne reste pas les bras croisés face à la perlèche. Plusieurs approches existent, et elles sont souvent complémentaires. La clé ? Agir sur la cause.
Les bons gestes du quotidien
- Éviter l’humidité excessive : Si vous avez tendance à mouiller vos lèvres ou baver légèrement en dormant, appliquez une fine couche de vaseline ou de baume labial protecteur avant de vous coucher — cela créera une barrière efficace contre la salive.
- Maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire : Se brosser les dents régulièrement, nettoyer les prothèses dentaires et veiller à leur bon ajustement peut prévenir les causes locales.
- Fuir les irritants : Dentifrices mentholés, rouges à lèvres chimiques ou aliments acides comme les agrumes peuvent accentuer l’irritation. Écoutez votre bouche : si un produit vous fait réagir, éliminez-le.
- Renforcer son système immunitaire : Une alimentation riche en vitamines B (présentes dans les œufs, les légumes verts, les légumineuses…) et en fer (graines, viande rouge, lentilles) peut faire la différence. En cas de doute, une prise de sang peut détecter des carences.
Les traitements médicaux
Quand l’infection est déclarée, il est essentiel d’utiliser des traitements ciblés. Voici ce que peut proposer un professionnel de santé :
- Crèmes antifongiques (type éconazole ou miconazole) si la cause est une candidose confirmée.
- Antiseptiques locaux pour éviter la prolifération bactérienne. Le chlorhexidine en gel est souvent recommandé.
- Pommades antibiotique si une infection bactérienne est détectée (staphylococcus par exemple).
- Un apport vitaminique en cas de carences, souvent sous forme de compléments.
Dans tous les cas, l’avis d’un médecin est précieux, notamment si la perlèche persiste plus d’une semaine ou si elle vous empêche de manger correctement.
Un petit mot sur l’impact émotionnel
La perlèche, ce n’est pas qu’un souci dermatologique. Elle touche une zone hautement expressive : la bouche, cet espace de communication, de sensualité, de lien. Lorsqu’elle devient douloureuse ou visible, elle peut altérer la confiance en soi.
Une anecdote ? J’ai reçu le témoignage d’une lectrice, Marie, 34 ans, qui disait s’être surprise à moins sourire pendant ses réunions à distance, “de peur que la caméra dévoile cette crevasse rouge au coin de ma bouche”. Ce genre d’inconfort, bien que discret pour les autres, peut devenir omniprésent dans notre vécu. Et c’est là qu’on comprend : prendre soin d’un petit souffre-douleur cutané, c’est aussi prendre soin de notre manière d’être au monde.
Prévenir plutôt que souffrir : quelques habitudes à cultiver
Au fil du temps, on découvre que la meilleure solution reste la prévention. Voici quelques habitudes qui préservent ces commissures sensibles :
- Hydrater sa peau en douceur avec un baume naturel contenant du beurre de karité ou de l’huile de coco.
- Boire suffisamment d’eau afin d’éviter la déshydratation qui fragilise les lèvres.
- Adapter son alimentation pour inclure suffisamment de vitamines du groupe B, de fer et de zinc (le petit soldat de la cicatrisation !).
- Éviter les contacts excessifs avec la salive, notamment chez les enfants — on peut leur proposer des remèdes ludiques comme des baumes en “tube de princesse” pour les motiver à ne pas lécher leurs lèvres.
- Consulter son dentiste si l’on porte une prothèse ou si des douleurs dentaires apparaissent, car l’origine peut être purement mécanique.
Un sourire en paix, c’est un visage qui respire
La perlèche nous rappelle que rien n’est trop petit pour mériter notre attention. Une fissure au coin des lèvres peut parfois être le reflet d’un déséquilibre plus grand, mais elle est aussi une invitation à ralentir, écouter nos signaux corporels et rétablir l’harmonie un geste à la fois.
Alors, la prochaine fois que vos lèvres tirent ou que ce coin de la bouche pique en bâillant… Prenez un instant. Observez, ressentez, soignez — avec patience et tendresse. Parce que chaque sourire mérite d’éclore sans douleur.